DTx, 3 petites lettres pour insuffler une explosion de technologies dédiées à la santé et reconnues pour leur impact positif sur le patient. Rien que ça.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce qu’on l’on nomme désormais les thérapies digitales ou DTx pour Digital Therapeutics ? Nous aussi ! Pour mieux comprendre les enjeux autour du DTx, nous sommes allés à la rencontre de l’expert français sur le sujet, je nomme Franck Le Meur, CEO de TechToMed et fondateur de l’évènement DTx France© , prévu le 4 juillet prochain.
Merci Franck pour ta disponibilité. Première question pour nous : c’est quoi un DTx ?
Officiellement selon l’organisation DTx Alliance, un DTx signifie Digital Therapeutics, en français ce sont les thérapies digitales ou numériques. Il s’agit de traitements scientifiquement validés sous forme de solutions numériques (applications mobiles, dispositifs ou objets connectés…) pour prévenir, gérer ou traiter un trouble médical ou une maladie. Ce sont des dispositifs médicaux de classe I à minima ou de classe II.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que le numérique est désormais en capacité de démontrer un impact direct sur l’état d’une pathologie, en complément ou non d’un traitement médicamenteux.
Tu organises la seconde édition des DTx France le 4 juillet prochain à Paris, qu’allons-nous y découvrir ?
Pour la première édition il s’agissait de poser les premiers socles et de découvrir des retours d’expériences de médecins sur les premiers DTx.
Une nouvelle fois cette année, l’évènement se veut être phygital. La 2nd édition rentre dans le vif du sujet en étant axée sur le déploiement actuel des DTx et sur l’analyse du go to market. Nous y retrouverons l’ensemble de l’écosystème pour prendre à bras le corps le sujet des thérapies digitales, institutionnels, sociétés savantes, industriels & start-ups.
Au cœur du programme le village start-up & des conférences de qualité pour partager autour des enjeux des DTx :
—Le retour d’expériences de plusieurs pays pour la 1ère fois : Belgique, Allemagne, USA, Israël.
–De nombreuses tables rondes pour favoriser les retours d’expériences et le croisement de plusieurs expertises :
- Pour échanger autour des usages et de l’adoption des DTx, animé par Cécile Caron de la Carrière, directrice marketing & communication pour Vidal, et qui nous dévoilera notamment son baromètre 2023 « l’adoption des solutions numériques ».
- Pour s’inspirer avec la thématique « Le numérique peut-il sauver notre système de santé ? » animé par Jérôme Leleu, DG de Sim for Health
- Pour aborder l’évolution des futurs biomarqueurs digitaux, animé par Stéphane Tholander, de France Bio Tech
- Pour échanger autour de l’évaluation des DTx, animé par Sarah Zohar, Director of research INSERM
- Pour appréhender les enjeux futurs d’un dispositif médical numériques lorsqu’il obtient un remboursement : prescription, distribution, facturation … animé par Véronique Lacam-Denoël, Présidente de Proxicare
Depuis combien de temps tu évolues dans le secteur des thérapies digitales, ou DTx pour les intimes ?
Je suis depuis toujours dans la santé ! Je suis docteur en pharmacie et j’ai été dirigeant dans la Pharma pendant près de 20 ans. J’ai choisi de créer il y a 5 ans TechToMed, un cabinet de conseil et de développement dédié justement aux nouvelles technologies en santé, dont les thérapies digitales.
Mais finalement, l’aventure des DTx a commencé bien avant, il y a plus de 10 ans déjà. J’étais chez Sanofi et j’ai organisé le lancement de Diabeo et Voluntis, premières thérapies digitales mises sur le marché en France. A partir du moment où j’ai mis le pied dedans, cela ne m’a plus lâché.
Des exemples de DTx reconnus en France aujourd’hui ?
En France, plusieurs milliers de patients utilisent au quotidien les thérapies digitales. Je peux citer Moovcare, Deprexis, Diabeo, Diabeloop, Tilak, Move Up, Bliss DTx, Mila, Music Care, Cureety, et j’en oublie très certainement.
En revanche, seulement deux sont pris en charge aujourd’hui par la sécurité sociale : Diabeo et Moovcare.
Au-delà d’être reconnues et certifiées en tant que dispositif médical, les solutions déployées aujourd’hui ont apporté la preuve de leur utilité. Nous pouvons dire désormais que le numérique guérit et améliore l’expérience en tant que patient : il attenue l’anxiété, optimise les traitements médicamenteux, diminue le syndrome de dépression, etc.
Quels sont les sujets abordés par les thérapies digitales ? On pense très souvent au diabète, mais pour toi, que retrouves-tu le plus finalement ?
Pour moi il y a un gros focus sur la psychiatrie aujourd’hui. Les thérapies digitales interviennent dans les sphères neurocomportementales autour du psyché. Les champs d’applications sont vastes : schizophrénie, gestion de la douleur, troubles comportementaux, phobies, dysfonctionnement érectile, etc.
Mais pour te rejoindre, effectivement le diabète fait partie des sujets phares aujourd’hui, et d’ailleurs c’était le sujet de Voluntis. Le principe ? A l’origine, la dose d’insuline n’est pas personnalisée. Elle est basée sur ton poids théorique alors que cela dépend de pleins d’autres paramètres physiques – ce que nous mangeons, son indice glycémique, son âge, son sexe, etc. L’idée de ce DTx est de collecter et d’intégrer l’ensemble de ces données, de les analyser via un algorithme dédié pour effectuer le juste calcul de la dose d’insuline nécessaire. Nous nous dirigeons clairement vers des solutions de type data driven désormais.
Après d’autres spécialités sont abordées par les DTx, notamment l’éducation assistée pour les troubles musculo squelettiques, la gestion des effets secondaires, les addictions. Et demain, il s’agira de la cardiologie, de la dermatologie ou du cancer.
On entend encore trop peu de médias aborder l’impact positif des thérapies digitales. Pourquoi, selon toi, le DTx peine à devenir un sujet grand public ?
46% des médecins ne connaissent pas encore les DTx et seuls 9% en ont prescrits à leurs patients selon l’étude Vidal réalisée en 2022. Le patient lui-même connaît que très peu les thérapies digitales.
En France cela prend effectivement du temps. Mais j’ai un exemple rassurant en tête : aujourd’hui, en Allemagne, plus d’ ½ millions de patients sont traités par DTx, et c’était proche de 0 il y a à peine 1 an. Ce coup de boost a pu être fait avec le développement de la promotion des DTx via le gouvernement, certaines sociétés savantes et un volume d’offres beaucoup plus important.
Tout est en train d’évoluer en ce moment même en France, entre l’accès au marché, le remboursement, la prise en charge anticipée avec le système PECAN, le programme ETAPES… Le marché mondial évolue également avec une estimation à plusieurs dizaines de milliards de dollars d’ici quelques années. Autant de signes positifs pour montrer qu’une étape supplémentaire a été franchie.
En revanche, un autre challenge sera à relever sur les DTx, notamment sur la confiance autour du numérique. Les patients atteints de maladies chroniques restent encore réticents à l’idée de donner 100% de la maîtrise de santé à un dispositif médical. On pense très souvent d’abord aux risques (bug, cyberattaques). Comment lever ces freins ? Entre le développement des usages, le discours médical, la fiabilité des outils, et une réglementation connue… Autant de sujets qui mériteront d’être abordés pour accepter ce nouveau paradigme ! N’oublions pas qu’il y a peu, il y avait encore débat lorsque le premier métro autonome à Paris a été lancé.
Merci beaucoup Franck pour ton temps, rendez-vous à DTx France le 4 juillet 2023 pour découvrir les prochaines innovations qui nous feront vibrer !
Pourquoi ils participent à DTx France 2023
« Pour Vidal cela nous paraissait tout naturel de renouveler notre présence à DTx France. En tant que partenaire de confiance, nous facilitons la mise à disposition et l’adoption des thérapies quelles qu’elles soient, digitales ou non. » Cécile Carron de la Carrière, Vidal.
« Le contexte s’adapte lentement mais surement à l’arrivée des Thérapies Numériques (ou Digital Therapeutics – DTx). Le Numérique en Santé est très diversifié. Le DTx est le dernier arrivé dans cette filière dans laquelle il a un potentiel important pour supporter des systèmes sous tension. Parce qu’il peut apporter énormément aux patients, aux professionnels de santé, aux payeurs, aux autorités.
DTx France est déjà la référence pour cet écosystème auquel Bliss DTx appartient. Parce qu’il pose les bonnes questions, crée le débat, rassemble les acteurs clés, fixe le juste niveau d’exigence et d’éthique que requiert cette nouvelle famille de produits de santé. Butterfly Therapeutics était là pour la première édition, qui a été de très grande qualité, et le sera encore cette année qui le sera encore plus. » Etienne Lepoutre, CEO Bliss DTx.
« Le succès de la première édition de DTx France a rendu évidente notre participation à cette journée. La thématique “les fondations du DTx” est capitale : nous sommes en effet à un moment charnière pour l’accessibilité aux soins, consistant à réaliser tout le potentiel que représentent les thérapies numériques, en les mettant entre les mains des utilisateurs, dans la vraie vie. C’est ce que nous avons hâte d’aborder avec tous les acteurs de l’écosystème présents à l’événement.» François Vonthron, CEO Mila.
